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Amissa Irakoze a toujours connu les caprices du lac
Tanganyika : les crues régulières qui effleuraient parfois sa maison
de Gatumba, au nord-ouest du Burundi,
et les reflux qui éloignaient le danger.
Elle n’avait jamais cru que les eaux puissent menacer ses dix
enfants.
Un jour d’avril 2020, en rentrant de son travail quotidien dans les
champs, elle a pourtant découvert sa maison submergée par le lac,
dont le niveau monte sur fond de dérèglement climatique. J’ai
crié : "Mes enfants, mes enfants, mes enfants " , se souvient
cette mère célibataire en mimant un geste de désespoir. "
Les enfants étaient emportés par les eaux, mais des gens qui savent
nager les ont repêchés (…) et
ils me les ont ramenés ", poursuit-elle. Tous furent sauvés. |
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Les inondations et autres catastrophes naturelles ont
forcé au moins 100 000 personnes à fuir leur maison ces dernières
années au Burundi,
affirme l’ONG Save the Children dans un rapport publié lundi
20 septembre 2021.
Ce pays connaît depuis 2015 une profonde crise politique qui a fait
1 200 morts et poussé à l’exil quelque 400 000 Burundais. Mais
aujourd’hui, « plus de 84 % de tous
les déplacés internes au Burundi […] l’ont
été en raison de catastrophes naturelles plutôt qu’en raison de
conflits, principalement à cause de la montée [des eaux] du
lac Tanganyika, le deuxième plus grand d’Afrique », affirme
l’ONG britannique. En avril, le lac est ainsi monté d’environ quatre
mètres par rapport à son niveau normal, détruisant des centaines de
maisons, note Save the Children.
L’ONG, qui lutte pour la protection des enfants,
souligne que ces derniers ont été particulièrement touchés. « Il
est estimé que 7 200 déplacés – soit 7 % du total – sont des bébés
de moins d’un an », ajoute le texte. Les enfants plus âgés ne
peuvent plus aller à l’école et beaucoup ne reçoivent qu’un repas
par jour, ajoute Save the Children.
" J’ai peur que les enfants meurent de faim "
« Le monde semble
avoir oublié le Burundi, qui paye déjà le prix fort du changement
climatique global, et les enfants sont les plus touchés »,
a déclaré Maggie Korde, directrice de l’ONG pour le Rwanda et le
Burundi : « Nous
voyons des familles qui avaient auparavant des maisons solides, tous
les enfants à l’école et deux parents qui travaillaient, réduites à
vivre dans des tentes, sans emploi, sans nourriture, où les enfants
sont obligés de travailler pour un dollar par jour pour soutenir
leur famille. »
L’ONG cite notamment le cas d’Arielle, 17 ans, dont
la maison a été une nuit engloutie par une brusque montée du lac et
qui transporte et empile des briques pour environ un euro par jour. « Je
mange la plupart des jours, mais certains jours je rate tous les
repas », témoigne la jeune fille. « La
situation concernant les inondations est devenue pire qu’avant »,
affirme de son côté Marie, agricultrice et mère de trois enfants : « J’ai
peur que les enfants meurent de faim. » |
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Les inondations survenues en mars 2022 au Burundi ont
affecté au moins 5.678 personnes et poussé 276 ménages à se
déplacer, a appris Anadolu d’un rapport publié vendredi par le
Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires,
OCHA.
"Suite
aux vents violents, pluies torrentielles, grêle, glissements de
terrains et inondations, la Croix Rouge du Burundi et l’Organisation
internationale pour les migrations, OIM, ont enregistré 5.678
personnes affectées (1.200 ménages) dont 1.374 déplacées (276
ménages)", a rapporté l'OCHA.
Le Bureau de l’ONU pour la coordination des affaires
humanitaires, a précisé, en outre, que les provinces burundaises
ayant enregistré plus de 300 personnes déplacées sont celles de "
Cibitoke, Rumonge et Bubanza " vers l’ouest et le sud-ouest.
Les autorités des provinces de Rumonge et Cibitoke
par le canal de la Plateforme Nationale de Gestion des Risques et de
Gestion des Catastrophes ont appelé les acteurs humanitaires à
"assister les populations affectées et déplacées de ces provinces ".
Les prochains jours seront aussi pluvieux, a prévenu
OCHA en déclarant que " la période de février à mai 2022 est marquée
par de fortes pluies dans presque toutes les régions du pays ".
Les pluies enregistrées dans les pays limitrophes
(RDC et Rwanda) surtout dans leur partie ouest, " contribuent à
l’augmentation des eaux dans la rivière Rusizi et Lac Tanganyika
créant des inondations ".
Ces dernières années, plusieurs régions du Burundi
ont été secouées par des pluies diluviennes, vents violents et
inondations ayant entraîné la montée des eaux du Lac Tanganyika et
le débordement de ses affluents à savoir les rivières Rusizi et
Kajeke.
Au Burundi, la saison des pluies s'étale du mois
d'octobre à juin. |
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