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Au secours, le Tanganyika se meurt.

 

BUJUMBURA - Malgré la richesse de sa faune et de sa flore, sa position stratégique et son inestimable valeur pour les quatre pays riverains et, au-delà, pour la région, l’un des plus grands lacs d’Afrique est menacé par la pollution. (Par Rénovat Ndabashinze)

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Albert Mbonerane, responsable de la Fondation Roi Mwezi Gisabo, lors de l'entretien.


 

Alors que le Burundi se prépare à commémorer la « Journée du 22 juillet » dédiée au Tanganyika, Afriquinfos a rencontré Albert Mbonerane, Représentant légal de la Fondation Roi Mwezi Gisabo, une association militant pour la protection du lac.

Que représente le Lac Tanganyika pour le Burundi ?

Beaucoup ! Par exemple, la ville de Bujumbura utilise 80% d’eau en provenance du lac. Avec une superficie de 32 900 km, il héberge 2350 espèces de poissons, dont deux sont uniques : le mukeke et le ndagala. On y trouve des hippopotames, des crocodiles. Beaucoup de biens que nous importons d’Afrique du Sud, de la Namibie, de la Zambie transitent par le lac via les ports de Mpulungu (Zambie, Ndr) et de Kalemie (RD Congo, Ndr). Un transport très intéressant est assuré entre Kigoma (Tanzanie, Ndr) et Bujumbura. Au niveau de l’écotourisme, les eaux du lac sont appréciées parce que douces et limpides. C’est le deuxième réservoir d’eau douce au monde.

Le lac est menacé...

Des plantes envahissantes comme le mimoza et la jacinthe d’eau y poussent et grandissent rapidement. Elles ont deux effets nocifs. Elles empêchent les poissons d’avoir de l’oxygène. Elles bloquent l’ensoleillement et étouffent toute vie aquatique. A terme, ces plantes peuvent même bloquer la circulation sur le lac. Les pesticides employés dans les rizicultures sont aussi drainés par les cours d’eau vers le lac.

Du côté des collines surplombant la ville de Bujumbura, les méthodes agricoles utilisées ne permettent pas de capter les eaux et ne favorisent pas  l’infiltration. L’érosion est très intense. Une partie de la terre rouge drainée par les rivières qui traversent la capitale se retrouve dans le lac, avec comme conséquence fâcheuse l’envasement.

Et quand ces terres arrivent dans le lac, les poissons s’échappent et éprouvent des difficultés de trouver un milieu favorable à la reproduction. De par la situation géographique de Bujumbura par rapport au niveau du lac, tous les déchets finissent dans le Tanganyika, surtout  quand il pleut. Il en va de même des eaux usées qui s’échappent des caniveaux.  

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 Des hippopotames dans les eaux du Lac Tanganyika.

Comment préserver ce patrimoine écologique ?

Un code de l’eau est déjà disponible depuis le 26 mars. Il institue une zone de protection de 150 mètres de large qui borde le lac et sur laquelle on ne peut ériger d'infrastructure. Le même code impose aux industriels d’avoir des stations de prétraitement des eaux usées. Par ailleurs, le code de l’environnement exige que si l’on veut construire un ouvrage au bord du lac, il faut, au préalable, une étude d’impact environnemental. Les instruments légaux existent donc. Reste leur mise en application.

Quatre pays bordent le lac. Ont-ils une conscience commune de la nécessité de le préserver ?

A n’en pas douter. La preuve en est la Convention sur la gestion durable du Tanganyika, signée par les quatre pays qui se partagent ses eaux, le Burundi, la Tanzanie, la Zambie et la République Démocratique du Congo (RDC). Ce texte est centré sur la protection  de la biodiversité et de la lutte contre les menaces de pollution. Par ailleurs, il existe l’Autorité du Lac Tanganyika, dont le siège est au Burundi. C’est un engagement pour les quatre pays. Chaque pays doit développer des projets qui montrent que les résultats attendus entrent dans le sens de la protection de la biodiversité du lac.

Par exemple, en RDC ou en Tanzanie, on est en train de protéger les bassins versants. Et au Burundi on a pris comme premier projet « la lutte contre la pollution ». Une  étude est en cours au niveau de l’Autorité du Lac Tanganyika  pour voir comment limiter la pollution du lac par les eaux usées.

Source :
© AFRIQUINFOS 2012


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